Les Révolution
86 LES RÉVOLUTIONS.
Deux excès sont à craindre pour un pouvoir qui s’est établi à la suite d’une révolution : l'excès de rigueur et l’excès de générosité. On se perd également par l’un et par l’autre.
« Soderini, dit Machiavel, croyait désarmer les ennemis de la république par sa patience et sa bonté, il se trompa. Il avait assez de sagesse pour comprendre qu'il devait s’en débarrasser, et ils lui en fournissaient euxmêmes l’occasion par leurs menées ambitieuses; mais il ne sut jamais prendre ce parti. Ce qui l’en détournait, ce n'était pas seulement le ferme espoir de gagner ses adversaires à force de bienveillance; c'était aussi, comme il l’avoua plus d’une fois à ses intimes, la répugnance qu'il éprouvait à s’armer de moyens extraordinaires pour conjurer le péril. Il craignait de donner un mauvais exemple et de nuire à la cause qu’il était appelé à servir. Quoi de plus facile cependant que de prouver plus tard par sa conduite qu’il n'avait eu d'autre mobile que le bien publie? Mais ce qui le paralysa surtout, c'était