Les serviteurs de la démocratie

EDGAR QUINET 257 que le‘gou vernement n'avait pu obtenir par ruse, il fit la sottise de le demander à la force armée. Malgré la protestation unanime (disons-le à leur honneur) des collègues de Quinet et de Michelet au Collège de France, malgré les sympathies ardentes de la jeunesse parisienne, ou à cause de cela peut-être, les cours de Michelet et de Quinet furent suspendus. Un bataillon de ligne, soutenu par de fortes escouades d'agents de policé, stationna pendant trois jours avec ses fusils chargés devant l'entrée du Collège de France. La troupe avait l'air morne et mal résignée à cette mauvaise besogne. Seuls, les sergents de ville apportaient de l’entrain à l’opération et criaient arrogamment aux étudiants et aux curieux :

Circulez, Messieurs! » Heureusement nous étions la veille de Ja Révolution de février, et c’étaient MM. les ministres qui allaient « cérculer ».

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La nouvelle République de 1848 rendit à Quinet et à Michelet la liberté de la parole. Edgar Quinet serait, certainement remonté dans sa chaire de-professeur, si ses compatriotes de l’Ain ne l'avaient nommé député à une majorité considérabie. Il accepta le mandat de représentant du peuple et, de 1848 à 1551, se fit remarquer par sa perspicacité politique et la fermeté de ses convictions.

Chose bizarre, le professeur éloquent ne fut pas dans nos assemblées délibérantes le grand orateur qu'on espérait. Le tumulte des réunions nombreuses, les interruptions déconcertaient ou paralysaïent sans doute la verve d'Edgar Quinet.