Les serviteurs de la démocratie

CHARRAS 297

Deux Décembre. Cette nuit-là furent emprisonnés les généraux Lamoricière, Bedeau, Changarnier, Le Flô: toutes lesillustrations de notre arméed’Afrique. Et, disait le violateur des lois, c'était afin de rendre à l'armée son prestige, qu'il faisait saisir comme des voleurs des chefs honorés qui avaient tous versé leur sang pour la patrie !

IV

La proscription s'abattit sur Charras, il fut rayé des cadres de l’armée, chassé de France et condamné à être au dehors le témoin impuissant de la décadence de son pays. Mais il restait, aux Français en exil, un moyen de servir encore le pays d’où ils étaient exclus. Victor Hugo écrivit Napoléon le Petit et les Chäliments ; Bancel, Madier de Montjau et Deschanel firent des con-

férences, Eugène Sue publia sur le péril clérical des

pages qu’on devrait bien rééditer aujourd'hui, Edgar Quinet fil paraître son beau livre sur la Révolution.

V

Charras, lui, s’attaquait à la légende napoléonienne; il promena son fier coup d’œil sur l’histoire du premier empire et prit Bonaparte en flagrant délit de mensonge contre la France. À Sainte-Hélène, le vaincu de Leipsick et de Waterloo avait imputé les défaites et les désastres de l'invasion à l'incapacité de ses généraux et à la pusillanimilé de la nation. Charras montra dans son ouvrage sur Waterloo que le seul homme