Les serviteurs de la démocratie

308 LES SÉRVITEURS DE LA DÉMOCRATIE trer dans la conscience populaire les idées fortifiantes et régénératrices.

Eh bien! qui oserait dire que Hugo n’a pas été un de ces hommes d’État? Nommez une liberté, une seule, qu'il n’ait pas défendue ? Citez un sentiment généreux qu'il n'ait pas proclamé, adopté, vulgarisé? La liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté d'association et la fraternité socialé l'ont eu pour apologiste et pour apôtre. Il a montré sa foi par ses œuvres, embrassant l'exil comme l'autel des dieux proscrits lorsque le crime fut triomphant. Son attitude à Guernesey suffirait à illustrer la démocratie française. Seul ou à peu près, il ne désespéra jamais du triomphe de la constitution républicaine. Il resta immobile dans l’héroïsme des revendications. Lorsque les catastrophes de l’année terrible arrivèrent, Victor Hugo reparut au milieu du peuple de Paris comme un consolateur. Cette grande mesure de l’amnistie française, c’est à lui d’abord qu'on la doit. Il l’a préparée par ses vers magnifiques et touchants, par ses appels d’une souveraine éloquence, par ses discours au Sénat, par son intervention active en faveur de Gaston Crémieux, de Rochefort et de milliers de victimes obscures de la répression qui suivit la Commune.

Nous ne croyons pas qu'il y ait eu dans l’histoire de la civilisation une mission plus élevée que la mission de Victor Hugo de 1860 à 1881. Ce grand homme de bien s’est penché vers toutes les angoisses et tous les deuils de la politique. Il a été le saint Vincent-dePaul de tous les déshérités et de tous les afligés de nos discordes civiles.