Les serviteurs de la démocratie

VICTOR HUGO 309

III

Victor Hugo n’a point songé uniquement à secourir les naufragés de la civilisation. Son regard profond est allé des douleurs particulières aux douleurs nationales. Il a, dans toutes les circonstances, même quand des deuils de famille l’accablaient, pensé à la patrie plus qu’à lui-même. Aussi la reconnaissance de tous ceux qui ont fait leur devoir envers la République et contre les ennemis de l'extérieur, lui est-elle éternellement acquise. Les assiégés de Paris se souviennent que Victor Hugo voulut prendre sa part de leurs périls et de leurs souffrances. Les défenseurs du sol national en province n’ont jamais oublié ce qu'ils doivent à l'éloquence enflammée du patriote qui honore notre siècle et notre France. Par un juste hommage le nom de Victor Hugo est partout associé à ce qui s’accomplit pour perpétuer le souvenir de la vaillance populaire. À Paris, pendant l'investissement, on lisait et on récitait dans les théâtres les vers du poète; ils étaient, à la veille des combats meurtriers, le cordial et le viatique des défenseurs de la capitale. Dans les départements, il suffisait d’une lettre ou d’une adresse de Victor Hugo pour nous réconforter et nous exciter au devoir. Maintenant encore, après onze aûs écoulés, quand une grande cérémonie civique se prépare, vers qui, instinctivement, se tournent les regards et les pensées populaires ? vers Victor Hugo.

Devant une gloire pareille il ne saurait y avoir ni dissidents, ni réfractaires. Rendre hommage à un tel poète, c'est reconnaître qu'on respecte ce qu'il y a de