Les serviteurs de la démocratie
LES PROSCRITS ‘ 315
témoignage. Il le fit avec cette parole ardente dont nous n'avons connu plus tard en France qu’un écho affaibli. Le Bancel de la proscription était (j'en appelle à fous ceux qui Onf pu comme nous l'entendre en Belgique,) un orateur véhément et superbe. Il avait tout pour lui, la taille, le geste, la voix; mais l'exil produisit à la longue sur cette organisation admirable son influence délétère. Et cependant Bancel eut encore en 1868, dans les réunions électorales de Paris, de Lyon et de Valence des mouvements d’éloquence dignes de Danton et de Vergniaud.
Ayant sa rentrée en France ce n'était point par intermittence, mais constamment que Bancel trouvait les accents les plus heureux et les plus fiers. Pas un grand orateur n’eût désavoué l’oraison funèbre de Louis Darles : « Proscrits, s’écria Bancel, celte tombe renferme l’un des nôtres, le dernier enfant d’une vieille mère; un soldat du droit, mort à son poste: Au fur et à mesure que l’exil se prolonge et que s'éloigne le jour où nous avons élé chassés de cette patrie que l’on ne peut se consoler d’avoir perdue que par l'espérance de la revoir, des vides irréparables se font autour de nous. Hier, Texier mourait à Tubize; il y à un mois la fille d'Hetzel venait dormir sous ce gazon. Londres, Jersey, la Suisse, l'Espagne, l'Amérique, tous les pays hospitaliers garderont à leur tour quelques chères dépouilles.
» Les tables de proscription deviennent les tables de la mort. L’exil brise les affections et disperse les os des proscrits; il ne brisera pas leurs amitiés fidèles.
Si nos rangs s’éclaircissent, soyons unis, aimons-nous!
C'est le plus beau spectacle que nous puissions donner. » L f Quel dommage qu'un oratew de ce souffle ait été