Les serviteurs de la démocratie

6 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

condamné à languir seize ans loin de la tribune fran- È çaise, où il n’apporta, en dernier lieu, suivant ue magnifique expression, « que les restes d'une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s'éteint. » La proscription de Bancel fut un crime contre l'intelligence nationale.

IV

Un autre exilé, illustre celui-là; Edgar Quinet, montra aussi, en plusieurs circonstances douloureuses, ce qu'il y avait de tendresse dans sa grande âme. Il faudrait citer tout entier le discours qu'il prononça au moment de la mort de Mourouzi. C'était un enfant de seize ans, que le climat et le soleil de la France auraient fait vivre, et que le froid de l'exil tua. Il avait voulu, ce noble fils, suivre à l'étranger sa mère, celle qui porte encore aujourd’hui le beau nom d'Edgar Quinet.

« Pauvre cher enfant! disait le grand poète, le jour des funérailles de Mourowzi, pardonne-nous de t'avoir associé à nos épreuves! Toi-même déjà tu aimais à souffrir pour la justice; mais tu étais fait pour me sérvivre tant d'années. Tu devais être après moi, courageux enfant, la consolation de ta noble mère. Et me voilà condamné à déposer ici ta chère dépouille, Ah! pardonne-moi de l’ensevelir dans une terre étrangère ! » ë

Edgar Quinet en effet avait voué ce fils d'adoption à la France du bon droit et de la liberté. Son rêve était de le ramener dans la patrie quand les ténèbres de l'empire auraient disparu! Cette espérance fut trompée, Mais n'est-il pas touchant de voir tous les