Les serviteurs de la démocratie

314 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE.

L'éloquent tribun ajoutait : « La mort prématurée de Gervais serait doublement navrante, s'il avait emporté dans sa tombe le doute du salut de la patrie absente; mais il n'en a pas été ainsi heureusement. Aux hommes comme lui, nourris dans Ja religion du droit, il n’est pas nécessaire de voir le triomphe de la justice pour en être assuré; ils savent qu'elle ne peut jamais être définitivement vaincue ; que plus la vie de l'humanité se développe, plus courtes sont ses défaites. Les yeux de notre ami, en se fermant, voyaient l’avenir. Sa conviction, inébranlable parce qu'elle se fondait sur sa raison, demeurait entière. Il croyait à la République, objet aimé de ses derniers entretiens. Tel fut l’homme que nous perdons : un martyr de la foi démocratique. »

Ces fortes paroles étaient pour les vaincus un cordial. Souvent ils en entendirent de semblables. Ils les écoutaient comme un appel au devoir et à l’espérance. Soutenus par elles ils supportaient plus allègrement le fardeau de leur douleur. Cette douleur était bien grande à de certaines heures, quand disparaissaient

les meilleurs et les plus aimés d’entre eux.

II

L'exilé partout est seul, a dit Lamennais. Ah ! comrie l'exil est long, en effet, et comme la patrie semble loin devant une tombe creusée en terre étrangère, Un jour on y descendit un homme tout jeune, plein de talent, mais qui n’avait pas encore eu le temps de donner sa mesure, Louis Darles. Ce fut à Bancel qu'échut l'honneur de rendre à ce martyr le dernier