Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)
= ES
Je n'ai pas encore manqué un seul jour de me lever au premier coup de baguettes, de faire mon lit exactement, de me laver, me peigner, etc., aussi ne crains-je pas la consigne de ce côté là, je ne la crains guère d'autre part, parceque me plaisant à la vie que je mène, je suis exact à remplir tous mes devoirs.
Depuis que je suis ici nous avons déjà fait trois concours, un de littérature, l'autre de dessin et le troisième de Géométrie.
Le sujet de littérature était une lettre à un ami dans laquelle on devait lui marquer les circonstances de son voyage, sa manière d'être à l'Ecole Polytechnique et ses projets sur l'avenir. Il y a bien des choses à dire Ià dessus quand on parle à un Ami ; on peut bien embrouiller la matière et au stile que tu vois dans mes lettres je suis persuadé que tu ne te doutes pas que je sois un des premiers, cela est pourtant ainsi, je suis nommé dans les trente premiers, le vingtième je crois.
Trente-cinq élèves sur 318 ont eu leurs dessins de concours exposés, je suis du nombre.
Quant au troisième concours, nous ne savons pas encore le résultat, je sais seulement que les solutions de ma brigade ou salle d'étude ont été généralement trouvées bonnes.
Mes lettres te paraitront courtes et bien griffonnées, mais quelque plaisir que j'aie à m'entretenir avec toi, il faut que je me dégage, celle-ci je l'espère, te sera remise par M. Aval !. Jetâcherai de le voir Dimanche prochain d'abord après notre revue.
Il faut encore que je te dise que M. le Sénateur Monge ?
1. Probablement le propriétaire de la maison habitée par Pierre-Philippe Fazy.
2. Gaspard Monge, 1746-1808, fondateur de l'Ecole polytechnique (1794) professeur de mathématiques dans cet établissement, sénateur depuis 1805. Dans ses Souvenirs (p. 238), Dufour raconte ainsi cette visite : «Il passa dans toutes les salles, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas troubler, disait-il, le sanctuaire des sciences. Il me fit diverses questions et parut satisfait de mes réponses. Nous eûmes le malheur de le perdre cette méme année. Il fut unanimement regretté. C'était le père des élèves. Toute l'Ecole se rendit à son convoi. »