Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)
et IX À Monsieur
Monsieur Fazy rue des Terreaux
Genève (Léman)
Paris, le 28 mai 1809. Mon cher oncle
J'attendais de jour en jour une occasion pour t'écrire, mais la personne qui devait partir en a jugé autrement ensorte que je suis forcé de t'écrire par la poste, pour que tu ne restes pas trop de tems sans recevoir de mes nouvelles.
Je supposes que tu te portes bien, ainsi que ma Tante et les enfans, puisque je ne recois pas de nouvelles du contraire, je m'en réjouis beaucoup ; je t'assure que je craignais beaucoup pour ma Tante, mais il parait qu'un petit luron de garcon lui convient mieux qu'une petite espiègle de fille ; je languis beaucoup de le voir, ce petit cousin. Il pourra presque marcher quand j'aurai le plaisir de t'embrasser. Dès qu'il pourra se tenir sur ses jambes, il ne faudra pas manquer de lui acheter un petit fusil de bois et un petit tambour pour mettre la paix dans la maison.
Dans quatre mois je serai à Genève ; tu ne saurais croire combien je languis; il me semble que les dix-huit mois que j'ai déjà passés ici, ne sont rien en comparaison du tems qu'il me reste à y passer. Cependant nous trouvons que chaque semaine en particulier est très courte ; nous voyons arriver les époques semblables avec une rapidité extrême. Tous les vendredis nous avons un concours d’Architecture. Il semble qu'ils reviennent du jour au lendemain. Dans deux mois, nous serons arrivés au bout de tous nos cours ; nous en avons déjà terminé quelques uns. Dans trois mois, nous aurons presque tous terminé nos examens et dans quatre mois nous serons tous chez nous. Chaque semaine nous allons en promenade militaire le havre-sac