Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANÇAISE. 7 Jorfqu’une foule de fes citoyens fervent à leurs propre frais, & que la population de cette nation fait le quart de celle de l’Europe entière. Il n’y a plus de défertion à efpérer parmi les foldats français , parce que nulle part ils ne feront auffi heureux que chez eux; & la fuite de leurs officiers qui, la plupart, font ineptes an fervice, eft pour eux un gain, au lieu d’une perte, car ils les remplacent par des officiers patriotes & inftruits.
Mais, fire, fi vous craignez que l'infurreétion ne s’introduife dans vos états, vos troupes n’en pourront -elles pas prendre l'efprit en France & le reporter dans leurs foyers ? Ah, fire, fi votre majefté favoit combien le feu mot de Liberté a d’attraits pour ces gens-là , elle redou+ teroit extrêmement de les envoyer à cette école ; ceux qui déferteront, & ceux qui feront faits prifonniers, prendront bientôt entre Îles mains careflantes des Français une affez bonne idée de la liberté, pour en dédaigner tous les inconvéniens. De bonne fotofre, je ne vois que ce moyen d’infurreétion à craindre pouf vous : laïffez, laïflez François II courir feul ce danger, & préparez -vous à tourner à votre profit toutes fes fotrifes,
Eft-il donc vraique dans la coalition des monarques contre la France, votre majefté fe foit chargée de fecon. der la maifon d'Autriche, pour renverfer la conffitution francaïfe , pendant que l’impératrice de Ruffie fe chargeroit de renverfer toute feule celle de Pologne, conféillée par votre majeflé , concertée avec elle & par elle garantie. Si ce projet exifle , je vous prie, fire, de confidérer , 19. que vous aideriez ainfi la Cour de Vienne à s'emparer de la Lorraine & de l’Alface, tandis que Catherine pourroit envahir la Pologne entière & la