Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
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garder pour elle ; 20. que la maïfon d'Autriche , toujours chagrine d’avoir perdu la Siléfie, a tonjours le projet de la réunir de nouveau à fon empire ; 3°. que cette maïfon a une inimitié irréconciliable contre la Pruffe fa rivale | & qu’elle a le plus violent défir de la réduire aux Re qu’elle poflédoit à la in du fiècle dernier. Votre majefté peut-elle d’ailleurs ignorer que le monarque Autrichien convoite toute l'Allemagne qu'il regarde comme fon apanage ; il croit avoir autant de droits fur tous les Etats des princes de l’Empire, qu’en prétendoient autrefois les rois de France fur ‘la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, &c. Ces projets ambitieux de la Cour de Vienne, n'échappèrent point au grand Frédéric, qui la furveïlloit de près, & qui , pour réprimer cette ambition, failit avidement la grande vue que lui préfenta votre majefté , d’une ligue germanique projet fublime qu’elle ne doît jamais négliger,
Si vous vous déclarez pour l'Autriche, dans fa guerre contre la France, vous perdrez, fire, l'avantage d’être le chef d’une grande partie de l’Allemagne ; vous ne ferez plus regardé comme le proteéteur des priviléges de l’Empire, mais feulement comme le jouet de l’'ambition de la maïfon d'Autriche & de celle de fon miniftère.
Les vues d’aggrandiflement de votre majefté, doivent fe porter fur la Bohème, fur la Moravie, & fur les trois principautés de la Siléfie qui reftent encore à la maifon d'Autriche; ces Etats conviennent à votre majefté, ils lui appartiendront quand elle le voudra ; & les princes d’Allémagne , bien foin de défapprouver cette conquête, y applaudiroient , parce qu’ils fe verroient plus en fûreté pour leurs propres Etats, lorfque l'aggrandiffement de la monarchie pruffienne pourroit ba-
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