Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
26 RÉYOLUTION les enchaïneriëz, les antres Départemens vous préparé raient D. votre retraite pourrait devenir plus difficile queicelle des dix mille de Xénophon, & vous pour riez y perdre l'honneur & la vie. On peut fuppofer aufli la défaire de vos armées, par des combats & des défertions ;.& dans ce cas, les pertes de la Pruffe ne feraientelles pas infinimen&plus grandes & moins réparables que cellès de l’Antriche, & ne refterait-il pas à celle-ci affez de reffourges pour profiter de la faibleffe de fa rivale, & pour fe dédomniagér de fes propres pertes en lui reprenant la SiéfE? sa 1x Monfeigneñies j'ai ditau roi de Prufle , que la France & la Pologne étdient fes alliées naturelles &c néceflaires ; déjà pour avoir dédaigné mes confeils, la Pologne ne peut plus être utile: S'il étoit pofible que V. A.S. ruinât la France, la Pruffe n’aurait plus aucun fecours à efpérer en cas de befoin, & les Cours de Vienne & de Pétersbourg partagereient fes dépouilles quand il Ieur plairait.
Monfeigneur , les circonftances aëtuelies offrent de grandes & brillantes deftinées au Souverain le plus f2ge, le plus éclairé , le plus eftimé de l’Europe; ne rifquez pas de perdre dans un moment mafheureux, des avantages incalculables. Croyez à un homme éclairé par l’âge, la réflexion 6 l’expérience, fur les vrais intérêts a@uels des Princes de l’Europe , & particulièrement fur les vôtres ; renoncez à une entrèprife qui n’eft fondée que fur des renfeignemens infidèles ; fur les faux calculs de paflions aveugles , fur l’abominable efpérance d’une guerre civile qui ne peut avoir lieu, parce qu’il eft impoffible à ceux
«qui la défirent d’armer en leur faveur un peuplé idolätre de la liberté, & que des Prêtres, des Nobles, des gens