Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
2 RÉVOLUTION
NV AO SEEN NES PTE ER
SECONDE LETTRE
AU DUC DE BRUNSWICK. Le 11 août.
MONSEIGNEUR,
L E vous ai dit dans ma précédente, que les émigrés, les plus lâches des hommes, avoient trompé votre altefle féréniffime,en lui perfuadant qu’elle pouvoit intimiderles Français, & fur-toutles Parifiens,par de violentes menaces.
Je vous ai obfervé, monfeigneur, que l’Afflemblée Nationale de France, quoïqu’en partie corrompue par la life civile , avoit rendu les décrets les plus vigoureux , & que l’énergie des troupes Francçaïfes s’exaltoit de plus en plus, à mefure que les armées ennemies s’approchoïent de leurs frontières, 8 depuis qu’on connoïfloit votre mani‘efte en France.
Je vous ai prédit, monfeigneur, que vos menaces ne feroïent qu’incendier les têtes des Français, qu’allumer davantage leur courage, & que compromettre la füreté de Louis XVI: cette prédi@tion eft accomplie ; & vous allez juger, qui des émigrés ou de moi, vous a dit la vérité ; qui d’eux ou de moi, vous a témoigné plus d’eftime & d’intérêr pour votre gloire.
Dès-que vos nouvelles notes ont été connues à Paris, monfeisneur, la fermentation y eft devenue terrible, Le peuple eft devenu furieux contre la cour , & a demandé à grands crisla déchéance du Roi, chef de tons fes ennemis. La cour a d’abord cherché à calmer les efprits, en faïfant dénoncer à l’Affemblée Nationale votre mani:efte comme apocryphe; mais l'opinion publi