Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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FRANÇAISE. 23 que, déjà formée, vous accufoit , monfeignéut, d’avoir figné cet aûte & fon fupplément, & le lénitif de la coût, regardé comme une nouvelle impofture infidieufe, n’a fait qu'augmenter la défiance & le mécontentement général : dès que la cour s’en eft appercu , elle a réfolw d'exécuter fon projet, tant de fois manqué, depuis trois ans, de faire maffacrer les Parifiens, &:.de faire mettre le feu au quatre coins de leur ville ; elle comptoit pourle fuccès de cette nouvelle confpiration , fut dix -huit cents gardes du corpslicenciés, fur une multitude dechevaliers2 poignards & de prêtres fanatiques ; fur les bataillons des gardes nationaux des filles Saint-Thomas, & d’'Henry IV, fur la plupart des officiers de cette garde ;. & fur deux mille fuiffes, parfaitement exercés & difciplinés.

Le dix du courant, à fept heures du matin , le Roï qui avoit raflemblé fon armée dans le jardin des Thuileries , en a fait la revne , il a paifé dans tous les rangs, il a fait diftribuer du vin & de l'argent à fes fatellites ; il les a exhortés à maffacrer le peuple qui venoit demander leur expulfion de Paris, & la déchéance -du trône pour lui-même. Les fatellites ont répondu par des cris de vive le roi, auf. :... la Nation ; une partie du peuple , témoin de cette revne & de ces impréca- | tions , a répliqué par des cris de vive La Nation , vive Pétion , périffent les traitres. Intimidé par ces cris , le Roi eft rentré dans fon palais avec fes courtifans; une partie de fon armée eft reftée dans le jardin , avec des canons chargés à mitrailles ; une autre partie des royalifles s’eft fortifiée dans le château, les fuifles fe font retirés dans Îes cours où éroient leurs canons & leurs cafernes, qui n’exiftent plus, parce qw’elles ont été brûlées. hier :

enfin, le Roi fuivi de quelques courtifans , s’eft réfugié