Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE. 27 Patrie étoiten danger, qu’elle étoit dans l’impuiffance de la fouver, que fon falut dépendoit de vos bras , de votre courage , de votre patriotifme ; armez-vous donc, Ë courez au château des T'huileries : c’ef?-la que font les chefs de vos ennemis, exterminez cette race de vipères, qui de puis trois ans ne fait que confpirer contre vous ; fongez que dans huit jours vous ferez exterminés, Ji vous ne remportez pas aujourd’hui cette vidoire ; choifilfez , entre La vie ou la mort, la liberté ou l’efclavage ; refpedez P Affemblée Nationale , refpeëez les propriétés , faites juflice vous-mêmes des pillards , & partons.
Auffi-tôt des milliers de femmes fe font précipitées au milieu de la mêlée, les unes avec des fabres, les autres avec des piques, j'en ai vu plufeurs , tuer elles-mêmes des fuifles , d’autres encourageoient leurs maris, leurs enfans, leurs frères. Plufeurs de ces femmes ont été tuées , fans que les autres en fuffent intimidées ? je les ai entendu s’écrier enfuite : qu’ils viennent ces pruffiens , ces autrichiens, nous perdrons beaucoup de monde , maïs pas un de ces T. F. ne s’en retournera.
Et vous compteriez fur de pareilles femmes, monfeigneur! Combien je vous ai défiré hier à côté de moi, afin que vous connuffez l’intrépidité de ces Parifens, des Marfeillois, des Breftois & de leurs héroïnes ! Vous feriez maintenant fortement indigné contre vos protégés. Au furplus, ces récits ne doivent point vous étonner, monfeigneur , fi vous vous rappelez que la veille de a prife de la Baftille, ces mêmes Parifiens , fans armes, ont mis en fuite l’armée royale de Broglie, forte de trente mille hommes au moins, & munie de lartillerie la plus formidable,
Refpeétez, monfeigneur, une pareille Nation; ne la