Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANÇAISE. 37 aboliffant Îes règlemens qui les ruinent, en faifant | eflarter leurs forêts, deflécher leurs marais, défricher leurs landes, réparer leurs mafures, en y faifant bâtir des villages , vous auriez quadruplé la culture de cet excellent territoire, fa population & vos revenus,
Vous auriez pu, fire, faire tout ce bien, toutes ces opérations produ@ives, avec la moitié des fommes que vous avez diflipées, en récompenfes à de mauvais fujets, en conftructions inutiles, en dépenfes extravagantes pour groflir & brillanter votre trifte Cour , votre pitoyable armée, & vos inutiles ambaffades,
Comment n’avez-vous pas vu, fire, qu’en multipliant vos valets, grands & petits, c'étoit multiplier vos pillards, vos ennemis, ceux de vos peuples, favorifer leur ruine & la vôtre ?
Comment n’avez-vous pas vu qu’en multipliant à l'excès les officiers de votre armée, c'étoit entraver fa tactique, la rendre prefqu’impoffble ; que c'étoit multiplier vos penfionnaires inutiles ; que c’étoit furcharger vos peuples d’une dépenfe d’autant plus accablante ; que ces inflrumens de la tyrannie, dans les Etats détfair. ques, tels que le vôtre, pour la claffe d'hommes la plus immorale & la plus nuifble, après celles des prêtres ?
Comment, fire, n’avez-vous pas craint de vous cou-
vrir de ridicule aux yeux des grandes puiffances, en leur envoyant des ambafladeurs faftueux & inutiles ? Comment n’avez-vous pas vu que fe fafte infolent de votre cour, de vos grands, de vos militaires, de vos ambañladeurs , infultoit à la mifere de vos peuples , en laugmentant continuellement ? Ne deviez-vous pas pré-
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