Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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Pourquoi avez-vous rejetté les projets qui vous Ont été tant de fois préfentés pour la confeétion de canaux de navigation & d’arrofement , lefquels auroient fertilifé des terrains immenfes, qui ne demandent que de J’ean , & qui auroient facilité le tranfport & la communication des produétions brutes & maautacturées de votre territoire? projets fi faciles à exécuter dans un pays fi riche en rivières & en ruiffeaux de toute grandeur.

Pourquoi avez-vous rejetté l'offre des Génevois, qui vous propofoient de rendre lArve navigable, & de rendre exploitables, par ce moyen, les forêts de la Tarentaife, dont les boïs pourriflent fur pied, faute de débouchés , & qui feroient devenues une fource de travaux & de richeffes pour les pauvres habitans de la Savoie?

Pourquoi avez-vous préféré de favorifer huit ou dix feigneurs qui, par ignorance , ou par une abfurde cupidité, creignoient que lexploitation des forêts de la Tarentaife ne diminuât le produit de celles qu'ils poffèdent dans le Chablais? forêts qui leur rendroient vingt fois davantage, fi elles étuient converties en terres à bled. En faifant le bien des Génevois , dans la bourfe defquels vous puifez fi fréquemment, vous auriez fait cclui des bons & laborieux Savoifiens, livrés depuis long - temps à la rapacité & à la brutalité de vos Piémontais.

Pourquoi, fire, avez-vous abandonné votre grande fle de Sardaigne à des vices-rois, & à des prêtres, qui n’ont fait que la ftérilifer & la dépeupler de plus en plus. En donnant à fes habitans la liberté de confcience, & celle du commerce & de linduftrie, en