Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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étoient fages, ils iroïent au-devant d'elles; ils rejette roïent de leurs confeils ces traîtres adulateurs qui les rendent odieux à leurs peuples par cette ligue, par cette guerre contre leurs droits naturels; & s'ils fe trouvoient infuffifans, avec les princes de leur fang, pour diffiper les orages qui fe forment, ou qui grondent autour d'eux, & pour remédier aux abus de leurs gouvernemens, au défordre de leurs affaires, il n’eft aucun de ces monarques qui ne poffede dans fes Etats quelques hommes honnêtes & éclairés contre lefquels leurs miniftres, leurs courtifans & leurs prêtres les ont prévenus, parce qu'ils redoutent leurs lumières & leur probité; eh bien, ce font précifément ces hommes fi redoutés que les rois devroïent confulter & employer à toutes les réformes néceflaires, après avoir tout fait pour mériter leur confiance, & pour les garantir de toutes vengeances.

Je fais que vous avez chez vous, fire, quelquesuns de ces philantropes capables de vous rendre les importans fervices dont vous avez fi grand befoin ; mais il eft douteux que vous puifliez en rien obtenir, parce qu’ils connoïffent votre foibleffe excellive, votre inconftance , vos incertitudes perpétuelles , l'infignifiance de vos larmes, l’inutilité de vos promefles, & cette fuperftition qui vous rend inepte pour les opérations les plus néceffaires à la reftauration de vos peuples.

Les feuls moyens d'opérer cette reftauration, font de réduire la dépenfe de votre maifon à l’exa& néceflaire ; de fupprimer vos ambaffades, vos fénats, vos intendans, Vos gouverneurs & commandans militaires ; de réduire votre armée à douze mille hommes d'élite; de fup-