Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE, 43 leurs partifans, leur influence ; ‘c'eft dans les plus grands défordres qu'ils trouvent les plus grandes ref. fources pour eux, pour leurs parens & leurs amis; c'eft du fang des peuples & de la ruine des rois que ces hommes s’engraifient; ce font eux qui perpétuent l’enfance , l’ignorance & les vices des monarques, pour opprimer & piller en leurs noms.
Ces princes qui fe croient être des defpotes, ne font réellement que les prête -noms & les efclaves de ceux qui leur répêtent fans cefle qu’ils n’ont que des droits à exercer , & point de devoirs à remplir, que rien ne doit réfifter à leurs volontés , qu’ils font les maîtres de difpofer de la vie & des biens de leurs fujets, & qu’aucun d’eux ne doit fe permettre de penfer & d'agir que comme il leur plait; c’eft pour exercer toutes ces au torités au nom des rois qu'ils les leur fuppofent; c’eft ce tyrannique pouvoir qui a fait de la royauté un véri= table fléau. C’eft ce defpotifme, fire, qui vous a fait faire de fi exceffives profufons, qui vous a conduit fur le bord de l’abime ; c’eft ce defporifme, & davantage encore celui de vos miniflres, de vos courtifans, de vos prêtres & de vos magiftrats, qui ont amené tous les malheurs que vous allez précipiter fur votre tête, fi vous différez un inftant de faire cefler vos imprudentes hoftilités contre les Francais.
Si, dans les circonftances aétuelles, les monarques européens étoient plus éclairés, ils verroient qu’ils ne font qu'augmenter les forces expanfives des vérités menacantes pour leur defpotifme, par les efforts qu’ils font pour les éloigner de leurs états, & ils renonceroïient à ce projet extravagant ; loin de fuir ces vérités qui, malgré eux, faïifirent leurs mafheureux efclaves , s'ils