Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE:
primer Îa noblefle, d'établir la liberté de confcience, en fupprimant toute préférence du gouvernement pour aucun culte; d'établir la liberté de la prefle, celle dm commerce & de l'induftrie; de foumettre tous les fonétionnaires publics à la refponfabilité la plus févère, & de vous lier vous-même les mains de manière que vous ne puiliez, ni vous, ni vos fuccefleurs, jamäis exercer ni faire exercer aucun pouvoir arbitraire; de donner à vos peuples une conftitution nationale, qui feur rende &c leur garantifle la jouiflance de leurs droits naturels; de vendre tous les biens eccléfiaftiques de vos états pour payer vos dettes, pour multiplier chez vous les propriétaires fonciers & les cultivateurs qui, dans tous les pays, font les hommes les plus laborieux, les plus utiles, les plus honnêtes & les plus attachés au fol de la patrie, parce qu’ils y incorporent une partie de leur exiftence; enfin de former tous les établiflemens néceflaires à l’inftruétion publie que & à la profpérité de l’agriculture.
Le but effentiel de tous les genres de defpotifime eft la rapine, & le délire le plus funefte d’un defpote eft de ne vouloir mettre aucune borne à fa dépenfe, & de vouloir que le montant des impôrs s’y proportionne toujours, ce qui eft impofñble. Un état doit fe conduire, en cette partie, comme un particulier ; il doit proportionner fa dépenfe à fon revenu. La juftice & la raïfon veulent que la dépenfe d’un Etat, dont les produélions territoriales peuvent fournir à tous les befoins de fes habitans, fe proportionne tou+ jours, dans l’état d'ordre, au cinquième du produit net du revenu de fon territoire ; c’eft le feul impét qui foit conforme aux loix de la nature, que jamais