Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAISE sr d'encourager vos ouaïlles à certe œuvre vraiment facer. dotale, pour laquelle vous avez fourni, de votre propre pécule, des fommes confidérables, & fait contribuer plus confidérablement encore, votre chambre foi-difant apoftolique ; mais, faint père , n’étiez-vous pas déjà trop coupable d’avoir épuifé les finances de votre Etat par les dépenfes énormes qu'a coûtées le defféchement des ma rais Pontins ; entfeprife qui vous auroit couvert de gloire, fi vous aviez eu pour unique but ie bien public, & qui vous couvre d’opprobre , parce qu’elle meft qu'un véritable brigandage, puifque vous avez ufurpé ce vafte terrein, & que vous en avez fait une principauté pour votre neveu, auquel vous avez donné per fas & nefas , un état qui égale l’opulence de quelques fouverains ? N'étiez-vous déjà pas trop coupable d’avoir ruiné votre peuple, foit par les fommes immenfes que vous avez fi mal employées à la mauflade conf. truétion d’une facriftie qui ne fera jamais qu’un monument de votre fatuité & de votre mauvais goût , foit par l’éniffion fi fréquente de cédules par lefquelles vous avez triplé les detres de l'Etat ? '
Vos pauvres fujets feroïent-ils injuftes , faint père , s’ils dépouilloient de leurs richefles, votre neveu & ceux de vos prédécefleurs , en leur difant:,, C’eft nous qui avons defléché ces marais ; c’eft fur les ruines des habitations de nos pères que font conftruts ces palais ; c’eft de nos biens que font compofées ces fortunes qui vous rendent fi ‘aftueux, fi vains , fi dédaïgneux , fi durs, & par lefquelles vous infultez continuellémenr à notre mifere. Tout ce que nous avons fait & payé de gré ou de force , à vous & à vos préd{cefleurs , c’eft à Etat; c’eft à la chofe publique que nous l'avons fait &