Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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payé. Il vous a plu de piller Le tréfor national pour enrichir vos families ; la juftice veut que ces familles reftituent. C’eft en vertu du droit du plus fort que vous avez fait ces rapines ; c’eft en vertu de la fupériotité de nos forces , en vertu de nos.droits & des règles de la juftice, que nous reprenons ce qui nous appartient , que nous rentrons dans Ja Jouiffance de nos droits naturels & de nos propriétés ,..

Vous ; faïnt père , qui foulez aux pieds les cendres des Camille & des Cincinnatus ; vous qui jouez férieufement des farces ridicules fur le fuperbe théâtre où les Scipion & les Paul Emile triomphoiïent en traînant des rois attachés à leurs chars, penfez-vous de bonne foï que la liberté foit un bien facile à ravir au peuple le plus ardent à le conferver , le plus nombreux, le plus éclairé ? Croyez-vous que vos prières. abfurdes & celles de vos bouffons foient capables d'opérer en France une contre-révolution ? Croyez-vous que trois millions d'hommes armés pour la défenfe de leurs femmes, de leurs enfans, de leurs droits, de leurs pro= priétés , puifent redouter les mains débiles de deux

ou trois cents mille efclaves commandés par un petit

nombre de tyrans dirigés eux-mêmes par des miniftres ineptes, qui ne connoïffent ni le.temps , ni les hommes, niles chofes, & qui ne fe doutent pas que ja déclaration des droits naturels .de l’homme renferme en elle-même une force abfolument indeftrudible , parce qu’elle eft ceile de la nature, de la raifon , de la juftice , de la vérité. Jamais Zoroaftre & Confucius ; Moïfe & Pilpay, Solon & Licurgue, Numa ni Jéfus ; jamais aucun fage de l'antiquité n’a préfenté un code de morale plus fimple, plus naturelle, plus vraie :