Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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veuille fe faire l’inftrument de fa propre perte; cepen= dant les dernières nouvelles affoibliffent mon incrédulité, parce qu’elles aflurent que vos troupes avancent vers les frontières de la France.

La marche des affaires politiques aétuelles mé prouve, fire, qu’on a trompé la plupart des fouverains fur la révolution françaife ; cet événement m'a paru fi extraordinaire, & les nouvelles qui en arrivoient dans les pays étrangers étoient fi contradiétoires , que, pour le connoître à fond, j'ai quitté ma patrie, je me fuis rendu à Paris, & voici le réfulrat de mes recherches & de mes réflexions à ce fujet.

J'ai vécu pendant quelques années dans les états de Ja monarchie pruflienne ; & j'ai confervé une véritable affe@ion pour les princes qui la gouvernent: J'ai vifité tous les pays de l’Europe; il n’exifte, fire ; aucune monarchie femblable à la vôtre, où le defporifme militaire fe trouve auili modérément combiné avec la sûreté publique, où le pouvoir le plus abfolu ne foit point un moyen d’oppreflion. C’eft parce que je nintéreffe vivement à la longue durée de cette monarchie ; à la profpérité des peuples pruffiens ; & fpécialement ‘àla vérre, fire, que je ne puis réfifter à l'impulfion que me font éprouver tous ces intérêts ; de difcuter fes vôtres, & de m’adreffer direétement à votre majefté.

: On dit, fire, que vous êtes entré dans l'alliance pro+ jetée par le charlatan oétogénaire de la cour de Vienne, & que vous allez contribuer de routes Vos forcès à: ja deftruétion de la liberté françaife, pour réhabiliter des princes & des nobles français, qui n’éprouvent que les effets de leur propre impéritie. Puifque les malheurs de l'empire français vous font connus, daignez,