Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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tion de toute l’Europe , & qui s'eft levée toute entière ; non pour faire des conquêtes & des brigandages , mais feulement pour fe venger des: tyrans qui l’attaquent, en portant la liberté dans leurs Etats. Vouloir effayer vos armes contre un tel peuple , en vérité, fire, c’eft vous expofer à de grands dangers ; je crains bien que vos premiers effais militaires ne vous foient funeftes ; qu'au lieu de lauriers, votre majefté ne moiffonne , en France, que des cyprès, comme ont fait les rois de Pruffe & de Sardaigne , l'Empereur & le duc de Bruns wick, & que cette témérité, bien loin de vous couvrir de gloire, ne vous coute l'honneur & lavie, & n'introduife l’efprit révolutionnaire dans vos États ; au lieu de l'en éloigner,

Vous n’êtes, fire , attaqué de cette convulfion nerveufe dont font affe@tés les rois ligués contre la France, que parce que, comme eux, vous vous, êtes laiflé tromper par la cour de Vienne, par vos ambaffadeurs, vos courtifans , vos miniftres & vos prêtres, fur les caufes de la Révolution Françaife , & fur les moyens de la renverfer ; ces perfides confeillers des rois font tous intéreffés à faire caufe commune avec les mécontens Français, parce qu’ils prévoyent, avec raïfon, que tôt ou tard ils éprouveront le même fort qu'eux, fi la Nation Françaïfe conferve fa liberté. Trop ignorans pour apprécier les forces de la liberté, la force des vérités que répandent les Français pour détruire les erreurs & lés chaînes des peuples & la fupériorité d’une armée d'homme Jibres fur des armées d’efclaves, ces imbéciles confeillers fe font imaginé, & ils ont perfuadé à leurs maîtres, que 200 mille fatellites feroïent plus que fufflans pour remettre les Français dans:les fers, & c’eft