Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

F RAIN CÇAISE. 7 d'après ces calculs de la fottife & de la férocité qu’on a décidé la convention de Pilnitz.

C'eften ne reconnoifflant que le droit du plus form, & en comptant fur la fupériorité de leurs forces , que les rois coalifés efpèrent obtenir les cruels fuccès qu'ils défirent ; mais fi les peuples voyent que cette coalition a pour but effentiel de perpétuer Le defpotifme , & qu’elle eft une véritable conjuration contre leursdroïts naturels; s’ils reconnoiffent que leurs defpotes n’ont d'argent, de foldats, de ‘orces que celles qu’ils leurs fourniflent; s’ils prennent en conféquence le parti de cefler de les armer, de ceffer d’êtreles artifans de leurs propres malheurs, que deviendront ces defpotes? Que deviendra la royauté? Si la révolution de France fe répète chez eux, ces événemens ne feront-ils pas l’ouvrage de ceux qui auront «eu limprudence d'y appeler jes Français en s’armant contre eux ?

Il eft déjà probable que la maifon d'Autriche , dont l'ambition vorace & fanguinaire a ouvert cet abîme aux Monarques Européens , y fera précipitée la première; il il eft certain que fans elle ces révolutions fe feroient faites plus tard, fans orages | & par l’effet de la lente progreffion des lumières dont la guerre aë@luelle accélère la propagation pour le bonheur du monde.

Au furplus , fire, l’idée de l'abolition de la royauté n’eftallarmante pour la plupart des rois , que parce qu’ils s'aveuglent fur fes inconvéniens défaftreux pour euxmêmes , & fur la fatalité de leur exiftence. Quel. eît le fort de la plupart des rois ? Ils font condamnés par leur naiffance & leur fuprématie fantaftique, à une efpèce d'enfance perpétuelle; à ne gouter jamais Îes douceurs de l'amitié; à ne jamais connoître la vérité; à être les