Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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en Portugal, gouverneur général en Illyrie, où il donna des signes d’une démence qui ne fit que s’accroître pendant son retour en France, durant lequel, s'étant mutilé lui-même, d'une manière horrible, il périt bientôt victime d’excès qui avaient altéré sa santé et sa raison.

(Mémorial de Sainte-Hélène, t. I, p. 198.)

La première fois que je vis Junot, je fus frappé et inquiété par ses yeux hagards.

(Général MarBor, t. IL, p. 2.)

Des grandes fortunes que l'Empereur avait créées,celle de Junot, disait-il, avait été, sans contredit, une des plus désordonnées. Ce qu’il lui avait donné d'argent ne saurait se croire, observait-il, et il n'avait pourtant jamais eu que des dettes; il avait dissipé de vrais trésors sans se faire honneur, trop souvent même, ajoutait-il, dans des excès grossiers.

Plus d’une fois, dans son bel hôtel à Paris, après avoir fortement déjeuné, on l’a vu entrer en fureur aux moindres réclamations du plus petit créancier, et prétendre le solder à coups de sabre.

(Mémorial de Sainte-Hélène, t. IV, p. 46.)

En 1807, le général Junot reçoit de Napoléon Ie 100,000 francs en argent et 100,000 francs de rente sur V'Etat.

(Correspondance de Napoléon EE", t. XVI, p. 53.)

Le lendemain du baptème de ma fille aînée, Madame Bonaparte m'envoya un collier de perles fines ayant plusieurs rangs ; les perles étaient de la grosseur d’une forte groseille, le cadenas était formé par un solitaire d’un blanc et d'une eau admirables; mais le Premier Consul y avait joint un présent bien autrement remarquable ; c'était le contrat de vente de notre hôtel de la rue des Champs-Elysées, acquitté, parce que M. Estève l'avait payé par ordre de Napoléon, qui nous le donnait comme cadeau de baptème.Il avait coûté 200.000 francs.

(Duchesse D’'ABRANTES, Mémoires, t. VI, p. 334.)