Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Pour meubler notre maison, il nous donna une somme de 100.000 francs, « car enfin, a dit Bonaparte, ce n'est pas le tout de leur donner une maison, il faut la rendre habitable.»

(Duchesse D'ABRANTÈES, Mémoires, t. VI, p. 360.)

Junot avait une forte somme pour la police secrète de la capitale; il donnait trois mille francs à un mauvais bulletiniste, le reste passait à la police de ses écuries et de sa table.

(BOURRIENNE, Mémoires, t. III, p. 296.)

Le peu d'habitude qu'avait Junot de se contraindre le jetait parfois dans des emportements dont le résultat le plus ordinaire était l'oubli de son rang et de la réserve qu'il aurait dû lui imposer. Tout. le monde sait son aventure de la maison de jeu dont il déchira les cartes, bouleversa les meubles et rossa les banquiers, pour se dédommager de la perte de son argent. En se promenant dans la campagne, il lui arrivait souvent de lancer son cheval au galop, un pistolet dans chaque main, et il ne manquait jamais d’abattre en passant la tête des canards ou des poules qu’il prenait pour but de ses coups.

(CONSTANT, Mémoires, t. Il, p. 178.)

Savary avait une réserve, une tenue, une conduite dont Junot était incapable et, par exemple, ce n’eût pas été lui qui, gouverneur de Paris, serait allé dans un café public aux Champs-Elysées jouer au billard, se prendre de querelle avec les garçons, se mesurer avec eux à coups de queue de billard et se faire battre.

(Général THIÉBAULT, Mémoires, €. IV, p. 119.)

Les dépenses de Junot étaient effrayantes. Indépendamament de ses traitements de grade, d'emploi et de grand cordon de la Légion d'honneur, Junot touchait 500,000 francs comme gouverneur de Paris, 300,000 francs sur les jeux et, dans une année où il avait touché 1,450,000 francs, il trouva le moyen d’en dépenser davantage. Son luxe dépassait donc toute mesure, et avec son luxe sa fièvre de jeu. On cite une partie de bouillotte à