Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

100,000 francs de cave et 500 francs le jeton, partie sans rentrant, bien entendu, dans laquelle il n’y eut que 30,000 francs de perdus, mais qui donne l’idée de l’importance du jeu.

(Général THrÉBAULT, Mémoires, t. IV, p. 120.)

À Lisbonne... Junot s'était approprié des valeurs considérables trouvées à la douane; il s'était adjugé une pacotille de diamants bruts, qu'il avait découverts je ne sais où et qui appartenaient au gouvernement; ik avait réalisé une somme énorme sur le séquestre des marchandises anglaises qui, d’après le décret de l’Empereur, devaient être brûlées, dont on ne brûla que des parties de peu de valeur et qui même ne furent consumées que pour que leur fumée dissimulât l'enlèvement que l’on faisait du reste; enfin, il s’était réservé la signa-

ture des licences, sur le vu desquelles des bâtiments tout chargés sortaient, la nuit, du port pour se rendre même en Angleterre et il vendait ces licences aux prix les plus élevés. On commençait à crier dans son entourage, c’est-à-dire à se plaindre qu'il gardait tout; on rappelait même à ce sujet qu’il touchait encore 500,000 francs comme gouverneur de Paris, 300,000 francs sur les jeux et je ne sais combien comme premier aide de camp de l'Empereur. On calculait qu’il recevait 600,000 francs comme gouverneur général de Portugal, et 3,000 francs par jour pour sa table, et cela quoique son hôte, le baron de Quintella, la fournit en totalité et avec une telle abondance que le cuisinier du général Junot gagna sur la desserte, etc... 300,000 francs qu’il apporta en France. Ces bruits lui revinrent et le déterminèrent à donner, comme premier don, 100,000 francs au général Delaborde, 100,000 francs au général Loison, et 100,000 francs au sieur Hermann, administrateur des finances, dont il fallait d’ailleurs acheter le silence.

(Général THiÉBAULT, Mémoires, t. IV, p. 158.)

La duchesse d’Abrantès ne raconte pas dans ses mémoires comment la folie du due se déclara.

On l'avait nommé gouverneur des provinces illyriennes. Il résolut de donner un grand bal. Il invita tout ce que Raguse et les environs avaient de plus dis-