Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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tingué, et près de 400 personnes se trouvèrent réunies dans ses salons. Tout était prêt pour la fête, tout, excepté le gouverneur général, dont personne ne comprenait l'absence. Enfin, après une heure d'attente, les deux battants de l'appartement intérieur s'ouvrent, et que voit-on ?.. Le duc d’Abrantès, ayant des escarpins du dernier luisant, un ceinturon soutenant son épée, ses crochets suspendus à son cou par des cordonnets, tous les grands cordons sur l'épaule, les cheveux bouclés avec le plus grand soin, son chapeau à plumets blancs sous le bras, des gants blancs à ses mains, et, à cela près, nu comme un ver. On comprend la surprise, les cris, la fuite de toutes les dames, le départ même des hommes courant après les dames, se précipitant à travers les escaliers, et comment les salons furent à l'instant déserts. Ce fait, transmis au vice-roi d'Italie, fit aussitôt donner au duc d’Abrantès l’ordre de se rendre à Milan. On parvint à lui faire exécuter cet ordre, et il était à peine à Milan qu'il fit mettre les chevaux à sa plus belle calèche, et, en grand uniforme, décoré de tous ses ordres, l'épée au côté, le chapeau sur la tête, ganté et éperonné, il se plaça sur le siège et se mit ainsi à courir tout Milan, faisant monter dans sa calèche les filles publiques qu'il rencontra et auxquelles il servit de cocher.

Depuis ce moment sa terrible maladie s’aggrava de plus en plus. Ë

(Général TaréBauLT, Mémoires, t. V, p. 248.)

Le Général KILMAINE

Milan, le 5 mars, an Ier de la République italienne (1797.)

Au général Kilmaine,

Je tiens à votre disposition, mon général, la somme de quatre cent mille francs, monnoye de Milan, en un bon de pareille somme signé Nicolini, autorisé par le gouvernement de Brescia, qui doit l’acquitter à ma présentation ou en votre quittance. — NicOLINI, LANDRIEUX.