Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

4

Nos soldats, dit-on, ont été des héros; rien ne vient ternir leur renommée.

Combien, contrairement à eux, les « ennemis » se sont-ils montrés infâmes, nous répète-t-on tous les jours! Les Cosaques, partout où, en 1815, ils ont fait leur apparition chez nous, se sont signalés par des atrocités; les Prussiens, à la même époque, ont commis des crimes abominables; les Italiens se sont toujours montrés féroces; les Espagnols se sont conduits à notre égard en véritables assassins ; les Anglais en cyniques bandits. Les étrangers ont toujours agi de méme envers nous; tout le monde a présents à la mémoire les méfaits de l'invasion allemande de 1870-71, et, hier encore, nous trouvions dans un catalogue de librairie l’annonce suivante :

733 Exactions, vols et cruautés des Armées prussiennes en France (Recueil de documents sur les), 1re partie. Bordeaux, 1871, 1 vol. in-8, 112 pages, broch. rogn. :

Curieux détails sur la Lorraine, la Champagne, le Pays Chartrain, et autres.

Ainsi donc on apprend à nos écoliers que nos soldats ont toujours été de glorieux héros, tandis que les soldats étrangers ont toujours été d’infâmes brigands. C’est peut-être excellent pour entretenir en eux un patriotisme étroit, qui est fait principalement de la haine de l’étranger, mais c’est, à notre avis, le contraire de la vérité.

Hélas! que deviendrait l’enthousiasme chauvin des jeunes gens qui n’ont pas encore passé par la caserne et qui ont recu en prix les Chants du Soldat, si on leur prouvait, par des exemples, que les atrocités de la soldatesque sont la conséquence forcée de la vie militaire, d'un combat, d’une victoire, et si l’on établissait incontestablement à leurs yeux que, ce qu'ont fait si souvent les troupes étrangères en France, nos soldats l’ont toujours fait, chez tous les peuples de l’Europe!

C’est cependant ce qui ressort formellement de la lecture des rapports officiels du Premier Empire, des souvenirs, des mémoires de l’époque dont la publication se poursuit journellement; c’est ce qui ressort également de la lecture de la correspondance de Napoléon Er.

De tous ces ouvrages, comme de ceux qui les ont prècedés, des faits qui y sont racontés, des détails inouis, des