Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs
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de caissons, et quantité de charrettes et de fourgons... À
lus d’une lieue de distance, on ne voyait que caissons et pièces d’artillerie; les calèches les plus élégantes, venues de Moscou, se trouvaient entassées sur la route et Le long de la rivière. Les objets arrachés de ces voitures, mais trop lourds pour être emportés, avaient été répandus dans la campagne; tous ces débris épars sur la neige n'en ressortaient que mieux. On y voyait des candélabres d’un grand prix, des figures de bronze antiques, des tableaux originaux, les porcelaines les plus riches et les plus estimées. »
COMMANDANT LABAUME. Campagne de Russie, p. 311-315. Le viol accompagnait le vol :
« Les soldats, les vivandiers, les forçats et les prostituées, courant les rues [de Moscou], pénétraient dans les palais déserts et en arrachaient tout ce qui pouvait flatter leur cupidité. Les uns se couvraient d’étofles tissues d’or et de soie; d’autres mettaient sur leurs épaules, sans choix de discernement, les fourrures les plus estimées; beaucoup se couvraient de pelisses de femmes et d'enfants... Le reste, allant en foule dans les caves, enfonçait les portes, et, après s'être enivré des vins les plus précieux, emportait d’un pas chancelant son immense butin.
« À tous les excès de l’avarice se mélèrenttoutes les dépravations de la débauche ; ni la noblesse du sang, ni la candeur du jeune âge, ni les larmes de la beauté, ne purent être respectées.»
Commandant LaABauME. Campagne de Russie, p. 2153.
Voici un exemple entre cent des violences de toutes sortes
ui se commettaient. Les huit membres composant la muni-
cipalité d'Oneille écrivaient au gouvernement, quelques jours avant l’arrivée de Bonaparte :
«… Vive la République! Il est malheureux pour nous que, contrairement aux principes que vous enseignez et qui nous sont également chers, rien nait été respecte à Oneiïlle
ar les soldats. Le respect des personnes a été violé envers une fille de quatorze ans ; cette fille malheureuse, travaillée par la fièvre depuis un mois, couchée dans son lit, est sur-
prise par un officier français et quatre individus qu’elle n’a