Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs
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Ab! Napoléon exprimait une profonde vérité lorsqu'il disait : « I] faudrait une page pour raconter les exploits de chacun de mes soldats. »
Qui sait même si une page aurait pu suffire ?
-Nous ne le croyons pas.
Aussi, laisserons-nous volontairement de côté tout ce qui concerne les soldats, les-simples soldats.
Nous ne voulons, et pour bien des raisons, nous occuper que des officiers. Ils doivent l'exemple, et ils sont ou prétendent être dans la société actuelle une classe très importante : ne parle-t-on pas de la noblesse de l'épée, de la noblesse de l’épaulette, et, dès qu’il est aujourd’hui question de honneur de l’armée, n’est-ce pas le seul corps des offciers qui est spécialement visé?
Cependant les officiers ne sont pas l’armée! Ils ne sont dans larmée qu'une infime minorité! Pourquoi donc peuvent-ils prétendre qu’ils sont seuls les représentants de l'armée, et pourquoi soutiennent-ils que seuls ils peuvent prendre la parole au nom de l’armée ?
De pareilles exigences sont d’autant plus incompréhensibles, d'autant moins justifiables, que l'officier à reçu une éducation toute particulière qui lé met peu à même de connaître l’armée.
Comment donc acquiert-on le titre d’officier? Nous ne nous occuperons que des officiers de profession, mettant à part les élèves de certaines écoles, qui le sont devenus après avoir, pendant deux ans, suivi un cours de deux heures par semaine, et les dispensés qui, après un examen sommaire et de pure forme, sont transformés en officiers de réserve.
Au collège, après plusieurs années d’études, les jeunes élèves choisissent leur voie, ou plutôt leurs parents leur choisissent une voie. Vers seize ans, les uns optent pour les études classiques; d’autres se préparent à l’école Centrale, à l’école des Haras; d’autres enfin, après un stage de quelques mois dans une classe appelée mathématiques élémentaires, ou mathématiques spéciales, se préparent à l’école de Saint-Cyr.
Ces petits jeunes gens, qui ne connaissent absolument rien de la vie, restent enfermés pendant deux ans 4 l’école de Saint-Cyr, où ils apprennent l’histoire, la géographie, les sciences, etc. Une fois par mois, ils bénéficient d’une sortie qu’ils emploient le plus souvent au Moulin-Rouge ou dans quelque établissement du même acabit.