Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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C'est eux, n'ayant jamais rien vu, n'ayant jamais rien lu, n'ayant jamais vécu, ne sachant rien, tout à fait étrangers aux découvertes de la science moderne, que l’on bombarde alors officiers, que l’on revêt d’un uniforme galonné, à qui l’on fournit une épée. C’est eux qui sont sacrés nos superieurs, des gens que l’on doit respectueusement saluer, et qui, par le plus extraordinaire des miracles, sont transformés subitement en êtres en quelque sorte surnaturels, représentants d’une chose sacrée. [ls incarnent un symbole, ils sont l’armée; sacrilège qui les offense!

Si au moins ces individus, que nous avons vu arriver au régiment sans aucune connaissance acquise, _passaient le temps à orner leur intelligence. Mais chacun sait qu’au contraire les jours s’écoulent pour eux dans l’accomplissement des plus mesquines besognes ou dans la plus déplorable oisiveté. Les officiers font crier un-deux, ou un-deux-trois, ou cing-six, ils comptent des bidons, des bretelles, ils coupent des boutons mal cousus, passent des revues de pieds, distribuent du saindoux, de l’huile, ils veillent à ce que des hommes s’agitent en cadence. Quand ils se sont employés à ces divers et nobles exercices, qu’ils accomplissent en les accompagnant de jurons variés, ils mangent, boivent, jouent. L’après-midi, ils recommencent; le soir, ils se rendent au café-concert de la garnison.

Et parce qu'ils ont journellement fait tout cela pendant au moins huit ans, de lieutenants ils deviennent capitaines ; et alors, au lieu d’avoir le droit de punir de quatre jours de salle de police, ils peuvent gratifier de huit jours de prison. qui?

Qui? Nous, nous les contribuables qui les entretenons, nous, les soldats qui irons à la guerre avec eux, en même temps qu'eux, autant qu'eux (1), mais dans de bien plus mauvaises conditions qu'eux.

À la guerre, les officiers seront à l'honneur, les « hommes » à la peine seulement.

En cas de mobilisation, on donnera au soldat des vêtements qui n'auront pas été faits pour lui, et des chaussures dont les semelles seront probablement de carton; on l’entourera de courroies, on lui donnera un fusil, un sac très lourd,

(x) Si toutefois nous jugeons à propos d'y aller,

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