Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

28

des gamelles, des ustensiles de campement, etc... Quand il aura ses cinquante kilogs sur le dos, on le fera marcher comme une bête; à peine payé, mal nourri, il sera en butte à la fatigue, aux privations de toutes sortes; s’il bronche, on le fusillera; s’il est tué, il y aura, privée de son chef, de son soutien, une famille en deuil... et voilà tout.

Au contraire, en cas de mobilisation, l’officier ne portera rien; il aura moins de fatigue, il sera bien nourri, et des indemnités de campagne et de marche augmenteront son traitement déjà rémunérateur. Si ses hommes se sont bien battus, l'officier verra augmenter le nombre de ses galons, on lui décernera des croix, des honneurs; si par hasard il meurt, il sera un héros, on écrira à sa famille des lettres éplorées, on lui élèvera peut-être une statue, ses enfants seront élevés aux frais de l'Etat, ses filles iront à Saint-Denis, sa veuve aura une pension. Et, quelle que soit leur misère, les héritiers de ceux qu'il aura conduits à la mort contribueront aux frais d’existence et d'instruction de toute sa famille.

Il s’agit de savoir si ces gens-là, qui courraient à la guerre, où nous irions avec eux, beaucoup moins de risques. que nous, qui en retireraient des profñts variés et indéniables, qui désirent la guerre parce qu’elle améliorera fatalement leur position, alors qu’elle brisera les nôtres, si ces gens qui ont gros traitements, grades, galons, honneurs, à qui il ne manque rien, se conduisent honnêtement à la guerre.

Eh bien! non!

Voilà ce que nous voulons dire.

Nous voici à peu près dans la même situation que celle où nous nous trouvions lorsqu'il s'agissait des soldats. Notre #âche est énorme, diffcile, beaucoup trop vaste, et ici eacore :l nous aurait fallu des pages, des volumes, si nous avions voulu relater simplement les hauts faits imputables à des officiers français. ‘

Au seizième siècle, non contents d’autoriser le pillage, ils y participent.

« Au seizième siècle, si quelques capitaines font pendre les pillards et les meurtriers, le plus grand nombre tolérent tout, à condition que les soldats leur payent une redevance, un écu par semaine et par homme. »

Dussieux. L'arméeen France, t. I, p. 408. ; » P