Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs
entrée: la caisse avait disparu lorsque le général Bertrand voulut la reprendre.
« Mais ce n’est rien en comparaison de ce qui arriva à l’'Empereur lui-même. Un de ses ministres lui avait apporté plusieurs millions de valeurs négociables, actions de canaux et délégations de coupes de bois. L'Empereur, après les avoir comptées, les avait déposées, avec leur bordereau de remise, sous l’un des coussins de son canapé. À ce ministre succéda un homme que l'Empereur avait l'habitude de recevoir dans son cabinet depuis les campagnes d'Italie et que les hautes fonctions qu’il a remplies mettent à l’abri de toute accusation. Personne autre n’entra dans le cabinet jusqu’au moment où l'Empereur, voulant renfermer dans un bureau les liasses de valeur, s’aperçut qu’on y avait touché et qu’elles étaient incomplètes. Quinze cent mille francs manquaient. Qui les avait pris ? Même mystère que pour les diamants. »
GÉséraz MoxrnoLon, Captivité de Napoléon, t. 1, chap. I.
Nous aurions pu citer des milliers de faits semblables. Certes, ils sont intéressants et jettent un jour singulier sur les héros du premier Empire, mais, nous le répétons une fois de plus, notre tâche aurait été beaucoup trop vaste, et puis la lecture d’une pareille série de forfaits aurait peut-être fini par paraître fastidieuse.
Ce sont des noms qu’il nous faut. Pour intéressants qu’ils soient, les méfaits anonymes ne nous satisfont pas.
Il ne nous suffit pas d'apprendre ce que peuvent faire certains officiers : nous voulons connaître ce dont sont capables les maréchaux, les généraux qui s’érigent aujourd’hui en bronze sur les places publiques, dont on donne aux grandes voies les noms, que l’on cite comme des exemples. Nous voulons savoir la conduite qu'ont menée ces héros, leurs façons de procéder vis-à-vis de leurs soldats ou des ennemis, nous voulons savoir surtout comment ils se sont enrichis.
Et, pour arriver à ce but, notre façon de procéder sera excessivement simple.
Nous citerons, sans commentaires, des faits; nous donnerons des exemples qui suffront au lecteur intelligent pour en tirer immédiatement une règle générale. Et nos exemples seront souvent des aveux, car nous les prendrons dans la correspondance de Napoléon Ier, dans les souvenirs de ses