Louis XVI et la Révolution

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qu'elle était destinée à y alimenter. » Voilà ce qu'on pense à droite. A gauche au contraire, sauf Bailly, on trouve la pièce fort bonne. Mais l'enthousiasme politique n’altère pas le sens esthétique. Les Révolutions de Paris publient, au numéro XX, un long article, plein de remarques critiques, qui se termine par ce jugement définitif : « Des applications fréquentes et faciles, toutes les grandes maximes dont notre esprit se nourrit depuis six mois, mises en beaux vers, voilà le vrai secret du suCCÈès de cette pièce. Elle fait exécrer le despotisme ministériel, les intrigues féminines des cours; elle prouve la nécessité de mettre un frein aux volontés d'un roi, parce qu'il peut être ou faible, ou cruel; elle apprend que le clergé et l'Église ne sont pas la même chose. Elle est utile, très utile dans ce moment ; et si l'homme de lettres ne doit que de faibles applaudissements au travail de M. Chénier, le patriote ne doit point mettre de bornes à sa reconnaissance. »

À défaut de pièces modernes, écrites spécialement pour les circonstances, les passions ennemies s'emparent du répertoire, y découvrent des allusions prophétiques aux événements et aux personnages contemporains. La Marck écrit à Mercy, le 49 novembre 4790 : « On vient de donner au ThéâtreFrançais la reprise de la tragédie de Brutus : le système républicain étant mis sans cesse en opposition, dans cette pièce, avec le système monarchique, la grande majorité des spectateurs a saisi avec une vivacité effrayante toules Les occasions de manifester son approbation en faveur du gouvernement républicain. » Même le théâtre de Racine devient un champ de bataille : « On jouait aux Français la tragédie d’Afhalie avec les chœurs, dit Ferrières. Les représentations de cette pièce devinrent une arène où royalistes, orléanistes, républicains, saisissant les applications que fournissaient à leurs vœux secrets les vers enchanteurs de Racine, s’en faisaient des armes dont ils se combattaient avec fureur. » Athalie, la Partie de chasse de Henri IV, sont généralement des victoires pour les