Louis XVI et la Révolution

262 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

avec M"° de Buffon. Dans une énumération de livres supposés, on trouve « la Pucelle d'Orléans, nouvelle édition faite à Londres avec gravelures et enluminures, dédiée à M. de Buffon, pour faire suite à l’histoire des animaux vivipares. » Aïlleurs, on lit sur la maîtresse du duc des plaisanteries vraiment ignobles. Même de très honnêtes femmes sont atteintes par des railleries qui déshonorent uniquement les Apôtres. Ces nobles journalistes piaffent dans la boue, pour salir leurs adversaires, sans trop se soucier des éclaboussures qui pourraient retomber sur leur parti. C’est ainsi que pour bafouer les services militaires d’un des Lameth, les Actes supposent qu’il doit ses grades à la protection passionnée de M" de Polignac. Les vivacités de la polémique moderne n’atteignent pas l’indécence de certaines plaisanteries des Apôtres. Tout projectile leur est bon, boue, injures, ordures, surtout les ordures. L’'Ami du peuple, le Père Duchesne n'iront pas plus loin. Trouverait-on, dans Hébert ou dans Marat mieux. que ceci : « C’est toute la canaillarchie de l'Assemblée nationale qui a dicté le décret qui supprime la noblesse. La clique purulente des avocats n'y a pas peu contribué! » Encore ces journalistes révolutionnaires-là ont-ils l’excuse de s'adresser à des lecteurs peu raffinés. Les Apôtres écrivent pour la meilleure société de leur temps, sur le ton de la plus mauvaise compagnie. Ajoutons que ces paladins manquent de générosité chevaleresque. Ils continuent à outrager Barnave, même après son duel avec Cazalès :

Aux vertus le malheur, aux crimes le succès : Barnavye a blessé Cazalès. - Dans ce siècle fécond en scènes effroyables, Non ce n’est pas un spectacle nouveau De voir des gens irréprochables Passer par la main du bourreau.

Tel est le genre de leur polémique. Ils veulent frapper mortellement les ennemis de la royauté. Ils criblent d’épigrammes