Louis XVI et la Révolution

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esthabilement choisi pour exaspérer les victimes : jusqu’au vingttroisième numéro, les Actes se prétendent révolutionnaires et ne contiennent que l'éloge ironique des députés de la gauche. Ils s’acharnent sur Robespierre, à qui ils ne pardonnent pas le moindre lapsus oratoire : « Cet orateur reprend souvent haleine après les monosyllables car, si, Aristocrassique : on a entendu l’orateur prononcer ainsi, ete. » Dans un bal costumé, qu'ils imaginent à plaisir, ils le montrent « déguisé en enfant de chœur. »

Mais c’est au mäître de chœur qu'ils s’attaquent de préférence, à Mirabeau. C'est justement le seul homme capable de sauver la royauté, que ces royalistes vilipendent avec le plus de rage, et, notons ce point, dans un journal où collaborait son frère, le vicomte de Mirabeau, plus généralement connu sous le sobriquet de Mirabeau-Tonneau :

Vous avez donc pour patron Boniface, Disait un ministre adoré, Au ci-devant vicomte à large face.

— Eh bien! pour ce, suis-je déshonoré ? Mais si je vous disais, chose bien incroyable, Mon frère s'appelle Honoré,

L’en croiriez-vous membre plus honorable?

Bien entendu, ainsi qu'il convient aux Actes des Apôtres, les personnalités abondent. On attaque dans Mirabeau jusqu'à sa figure : Mégère et l'Envie, dit un des journalistes rimeurs, prennent, pour former un monstre, la boue de l’enfer et

Façonnent à l’envi, de sa plus noire fange L’ébauche d’un pygmée, au visage hideux. Le spectre modelé, l’implacable Euménide Dans cette boue infecte enfonce son tison; Des deux larves soudain l’épiderme livide S’étend sur tout le corps de l’informe limon Et l’on voit à travers circuler le poison