Louis XVI et la Révolution

L’'AGITATION À PARIS. 274

faiblesse du roi; témoin encore les couplets que tant de royalistes chantèrent avec attendrissement :

Louis le fils d'Henri Est prisonnier dans Paris. Il a tremblé pour les jours De sa compagne chérie Qui n’a trouvé de secours Que dans sa propre énergie.

Qu'en termes galants la nullité du roi est mise, ainsi que son incurable inertie! Et, au fond, quel mauvais service rendu à la rene, que de la représenter toujours comme le vrai roi! Surtout, quelle inconcevable légèreté, de la part des Apôtres, que de compromettre la réputation de Marie-Antoinette, en la mettant de tiers ou de moitié dans d’indécents racontars. Que penser de ces royalistes qui ne craignent pas d'imprimer en 1790 des plaisanteries qu'il est impossible de citer par respect pour le lecteur? Que penser surtout de cette reine qui se complaisait à la lecture de ce vilain pamphlet? « On a saisi, dit la Correspondance secrète, à la date du 24 avril 1790, une quantité d'exemplaires des Actes des apôtres. M. Didot-Pelletier s’est rendu chez l’administrateur, et après avoir défendu les droits de la liberté, a insisté pour que son numéro fût publié, car, a-t-il ajouté, que dira la reine, si elle ne le lit pas demain matin? Ce pamphlet aristocratique fait l'amusement habituel de Sa Majesté. » Marie-Antoinette va plus loin; elle prend comme conseillers privés deux rédacteurs de son journal. « La reine, écrit Mirabeau à La Marck, a vu Rivarol une heure et demie la semaine passée. Qu'est-ce que cela veut dire? Et à quoi cela est-il bon? qu'à compromettre et à donner des méfiances. C'est Bergasse qui conseille en ce moment et qui pousse la cour. » La sympathie de la reine pour les Actes et leurs rédacteurs est si notoire, qu’elle fait prendre en mauvaise part des mesures qui auraient dû lui attirer tout au moins la sympathie de la presse : « L'acte de générosité du roi