Louis XVI et la Révolution
272 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.
envers les imprimeurs de Paris, à la sollicitation de la reine, est regardé, dit la Correspondance secrète, comme la récompense que cetle princesse a cru devoir accorder aux imprimeurs des ouvrages aristocratiques, qu’elle lit tous très exactement, se délectant particulièrement dans la lecture des Actes des apôtres, ce qui lui a valu le titre de Regina apostolorum. »
On ne pouvait en dire autant, à coup sûr, de Louis XVI, qui n’était certes pas le roi suivant le cœur des Apôtres. Sans doute on découvre par-ci par-là quelques pièces où l’on exalte le monarque, où l'on parle de se dévouer pour lui comme le classique Blondel de Richard Cœur de Lion :
Blondel est mort : — Mais Blondel peut renaître!
En attendant sa résurrection, on ne s'intéresse plus guère à la personne même du roi. Je ne trouve à citer, comme flatterie à l’adresse de Louis XVI, qu'une antithèse, élogieuse au fond probablement, mais assez obscure comme forme : « Peignez aux provinces ce bon et malheureux roi, ayant en 1789 le défaut de sa vertu, et en 1790 la vertu de son défaut. » On le considère dès le début comme inférieur à sa tâche. Voici par exemple le discours que les Apôtres, dans un rêve, entendent prononcer par le roi devant l’Assemblée : « J'avais vingt ans, lorsque l’ordre de la succession mit entre mes mains les rênes d’un empire brillant en apparence, mais dans un état d’épuisement qui exigeait un prince et plus formé et plus consommé que moi dans l’art si pénible de gouverner... Si dans cet épanchement mutuel de nos âmes la fermeté d’un ministre eût pu m'être nécessaire, c’eüt été lorsque, écoutant sa générosité souvent plus bienfaisante qu’éclairée, et comptant trop sur les ressources des finances qu’on lui avait peintes comme intarissables, la reine a pu ne pas mettre assez de discrétion dans les demandes qu’elle me faisait. » Ainsi ils reprochent à Louis XVI jusqu'à sa complaisance pour sa femme. L'éloge même de sa vertu est entremêlé de critiques sur son caractère