Louis XVI et la Révolution

274 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

une lettre à Necker, si le roi, ou, pour mieux dire, son conseil, n’a pas déjà fait assez de sottises pour son compte particulier? » Ils lui reprochent de déserter son poste : lui qui est le pilote quitte le gouvernail en pleine tempête :

Il craignit, il fit mal, le vent se déchaîna. Soudain contre un rocher le vaisseau se brisa. Le gros marchand, perdant sa fortune et la vie, Reconnut, mais trop tard, sa faute et sa folie.

Les malheurs de Louis XVI ne lui valent même pas, de la part de ces royalistes, une compassion respectueuse. C'est une pitié dédaigneuse qu'ils témoignent à ce monarque détrôné, à ce serviteur de vingt-quatre millions de maîtres : « Louis XVI était, il y a six mois, maitre de vingt-quatre millions de sujets ; aujourd'hui il est le seul sujet de vingt-quatre millions de rois. Reste à savoir comment cette nation de potentats posera les limites de tant d’empires, et comment le sujet pourra obéir à tous ses souverains. » Le persiflage s'en mêle. Après la circulaire de Montmorin aux cabinets étrangers, on raille ce roi prisonnier qui prétend être libre :

Messieurs, vous êtes avertis

Que l’on peut entendre à Paris

Un sansonnet qu'on tient en Cage,

Et dont le singulier ramage,

À coup sûr vous divertira;

Très distinctement il dira,

Répètera, gazouillera

A travers son triple grillage :

« Messieurs, messieurs, regardez-moi, Je suis libre comme le roi. »

On plaisante même les égards que le peuple conserve encore pour lui. Lors de la mise à sac de l’hôtel de Castries, les envahisseurs n'avaient respecté, disait-on, que le tableau qui