Louis XVI et la Révolution

L’AGITATION A PARIS. 281

banderilleros harcellent leur adversaire, l’agacent, lui plantent dans la peau des aiguillons qui le font saigner et beugler, mais qui ne peuvent le tuer. Enfin, aveuglé par la fureur, le monstre

se précipite sur la large épée du matador. C’est à peu près ce que font les Apôtres. Quand ils ont rendu furieux ce peuple qu’ils appellent la populace, ce peuple qui n’est plus pour eux qu'un monstre; quand, lassé de ces piqûres incessantes, le peuple après avoir épuisé sa patience, après avoir ruminé sa vengeance, s’élance en mugissant _sur eux, ils tirent leur petite épée de parade, ce bijou ciselé, qui pouvait pénétrer et tuer autrefois, dans les duels

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CAMILLE DESMOULINS

de courtisans, à armes égales, mais qui se brise au premier choc dans cette lutte autrement sérieuse. Désarmés, les plus lestes s’échappent; une fois à l'abri, hors des atteintes de leur ennemi, ils se retournent pour voir ce qui se passe dans l'arène : il est resté un retardataire, qui, maladroit dans ses mouvements, et lent, ne sait ni esquiver le coup fatal, ni échapper par la rapidité de sa fuite,et c’est le roi.