Louis XVI et la Révolution

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plus de mal que de bien à la cause qu'ils prétendaient défendre. Non seulement leurs sarcasmes ne convertirent personne, mais encore ils enflammèrent davantage les passions politiques. Le marquis de Ferrières, qui était au-dessus des mesquineries de parti, juge ainsi de haut cette polémique : « Quelques hommes, ne Soupçonnant même pas le changement qui s’était fait dans l'opinion, essayèrent l'arme du ridicule, si puissante dans les temps que la cour et ce qu’on nommait à Paris la bonne compagnie, prononcçaient arbitrairement des talents, du mérite et de l’esprit. Les sarcasmes tombèrent de toutes parts sur les députés révolutionnaires ; cette arme, jadis si formidable, mollit entre les mains de ceux qui voulurent l’'employer. Le Français s'était élancé dans les grandes discussions politiques. Un bon mot, un mauvais quolibet, une froide plaisanterie venaient s’émousser contre des hommes mus par des intérêts plus puissants, et n’obtenaient que le léger sourire de quelques femmes et de quelques hommes du bon ton, qui trouvaient les députés révolutionnaires ridicules, parce qu'ils n'avaient pas leurs formes. » Les révolutionnaires n'avaient pas le stoïcisme que Ferrières leur prête galamment. Ils rendaient les Tuileries responsables de ces attaques insultantes. La Correspondance secrète nous apprend que le 21 mai 1790 on brûla solennellement chez le libraire Gattey les derniers numéros des Actes. Ce n’était que demi-mal, ou plutôt le mal. était déjà fait. Provoqués, injuriés, exaspérés, les révolutionnaires ripostaient de leur mieux ; et, pour être moins délicatement exécutées, les ripostes n’en touchaient pas moins. « La Cour avait repris, dit Dumouriez, ses feuilles mordantes, qui en attiraient d’incendiaires de la part des Jacobins. » Ainsi les discussions politiques allaient s’envenimant, au détriment final de tous, mais d’abord de ceux qui provoquaient les premiers des représailles, et qui excitaient la fureur populaire, sans se douter du bond terrible que ferait sur eux l'ennemi provoqué. Dans les courses de taureaux, pendant longtemps les