Louis XVI et la Révolution

294 : LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

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royalistes à rendre hommage à son énergie, à sa prudence : « On ne saurait, dit Ferrières, refuser à l’Assemblée les justes louanges que méritent le courage et la sagesse qu’elle déploya dans cette grande occasion... L'Assemblée ne montra ni surprise ni terreur; animée d’un même esprit, elle ne songea qu'aux grands intérêts qui lui étaient confiés. » Encore une fois elle sauvait la France des malheurs auxquels l'exposait Louis XVI. Elle grandit devant le pays. « La confiance dans l'Assemblée, dit Dumont, est le sentiment dominant. » Le roi, de son côté, est récompensé suivant ses mérites. À Paris, la foule s'exprime avec dédain plutôt qu'avec indignation. Le baron de Siaël-Holstein écrit le 30 juin 1791 : « Le peuple est extrêmement animé contre ce malheureux prince, et en parle avec un mépris qu'il estimpossible d'imaginer. » Dumont, témoin impartial, trouve que le Parisien « fut inspiré par une sagesse supérieure : il fut aussi calme qu'il pouvait l’être. On n’entendait que des plaisanteries sur la famille royale; plaisanteries amères, il est vrai, qui montraient qu'il n’y avait plus de respect ni de confiance : le traître s’est démasqué; voilà donc tous les serments, voilà les protestations d’une cour! Nous étions bien dupes d’avoir pu croire qu'un roi pourrait aimer la liberté et renoncer au plaisir du despotisme. — J'ai entendu ces propos dans toutes les places publiques. Il n’y a pas d’expression avilissante qui ne fût prodiguée au Roï avec le plus grand sang-froid. » Le mépris gouailleur du peuple est bien rendu par une lettre retrouvée dans les papiers de la haute cour d'Orléans : « Paris a été fort tranquille... On attend de savoir où est l'oiseau. » Enfin une anecdote du temps est typique : le 21 juin, le facteur qui portait les lettres au roi les rapporta à la poste avec la mention habituelle, qui devenait un sarcasme : parti sans laisser d'adresse.

En province, les premiers moments sont plus violents : les personnages officiels restent consternés. À Nantes, Dumouriez raconte que le président du département lui dit avec l'air