Louis XVI et la Révolution

VARENNES ET SES CONSÉQUENCES. 309

et qui est distribué aux frais du roi aux Loges des francsmaçons dans le royaume. Il ajoute que le Roi et la Reine, M. de la Porte et lui-même sont les seules personnes qui soient dans le secret. » L'idée n’est peut-être pas très heureuse. Louis XVI en a de pires : il prodigue des serments qu'il compte bien violer. Sa duplieité éclate dans tout le discours de clôture de la Constituante, qu’il prononce le 30 septembre 1791, mais surtout dans les passages suivants, dont toute sa correspondance avec l'étranger est l’ironique commentaire : « J’ai notifié aux puissances étrangères mon acceptation de cette Constitution... (Vifs applaudissements et cris : Vive le Roïl) et je m'occuperai constamment de toutes les mesures qui peuvent garantir au dehors la sûreté et la tranquillité du royaume... En retournant dans vos foyers, messieurs, vous serez les interprètes de mes sentiments auprès de vos concitoyens .… (Oui! Oui! — Vifs applaudissements, et cris : Vive le Roi!) Ditesleur bien à tous que leur roi sera toujours leur premier et leur plus fidèle ami (Vifs applaudissements, et cris : Vive le Roïl), qu'il a besoin d’être aimé d'eux... (Vifs applaudissements, et cris : Vive le Roï!}, qu’il ne peut être heureux qu'avec eux et par eux.. (Appladissements prolongés.) L'espoir de contribuer à leur bonheur soutiendra mon courage, comme la satisfaction d’y avoir réussi sera ma plus douce récompense. » (Vifs applaudissements, et cris : Vive le Roi! pendant quelques minutes.) Ainsi, d’un côté l'enthousiasme, la confiance entêtée malgré tant de raisons de froideur et de défiance, la croyance en la loyauté du roi malgré tant de preuves de déloyauté; de l’autre, tout le machiavélisme dont Louis XVI était susceptible, et l'intention bien arrêtée de manquer le plus possible à ses engagements les plus solennels. Sa trahison est si manifeste qu'Augeard luimême est obligé de la reconnaître : « On ne peut, dit-il, se dissimuler que l’on avait trouvé dansles papiers de M. de Laporte, dans ceux de M. de Septeuil, trésorier de la liste civile, et même depuis, dans l'armoire de fer, des indices certains que