Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits
MARAT INCONNU 3
présentant le conventionnel à la tribune (1).
D'aucuns ont mis en relief son rictus inquiétant, sa bouche sardonique, son facies asymétrique, laissant ainsi volontairement dans l'ombre la fierté du regard, le pli découragé de la lèvre, les rides frontaux du penseur. Tantôt on le voit assis à sa table de travail, tenant, d'une main ferme, la plume vengeresse; tantôt on le surprend au milieu de ses collègues, dans une séance des Jacobins ; et alors la tête devient médusante, les factieux peuvent trembler, le redouté Montagnard va apostropher, en termes indignés, les menées des Aristocrates et des Feuillants,
Puis on le trouve, dans son intérieur, d'une prévenance attentive, « compatissant au malheur, se défiant à l'excès de ses emportements et de sa brusquerie, au point de demander pardon du moindre mot offensant à son entourage » (2). C’est le brave homme que nous représentent les images populaires, la tête coïffée d’un mouchoir, la chemise négligemment ouverte, vêtu d'une
() Tourcaty, professeur à l’école de Versailles avant 89, et qui fit partie, comme graveur, du jury pour le concours de l’an II, doit sa célébrité au portrait de Marat à la tribune d’après le peintre inconnu Simon Petit (L'Art pendant la Révolution, de Spire Blondel, p. 111).
(2) Alph. Esquiros, Histoire des Montagnards, tome Il, p. 213,