Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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vient sanguinaire et féroce, ce qui ne l'empêche, par instants, d'être d'une tendresse exaltée, d'une sensiblerie pitoyable, (1) et, pour tout dire, d’un féminisme excessif qui étonne chez un tel homme.

On a quelquefois comparé Marat à cet autre fou de génie, qui crut s’absoudre aux yeux de la postérité, en lui faisant par avance l’aveu de ses turpitudes. Comme Rousseau, Marat fut hypo-

condriaque; comme Rousseau, il s'exagéra les | tracasseries dont il fut l'objet, et qu’il s'obstina, |

comme lui, à regarder à travers des verres grossissants. Mais, à l'encontre de Rousseau, il subit,

-en plus, l'influence du milieu et de son époque. |

Il épancha sa bile en pamphlets, sa mauvaise humeur en arrêts de mort. Il eut plus de logique, mais aussi moins d'éloquence que le sublime auteur des Confessions et de la Nouvelle Héloïse.

Très aigri par les persécutions académiques,

(1) Ainsi le témoigne ce curieux billet, daté du 23 août 1781 : « Ma sensibilité, mon cher comte, ne me permettant pas d'assister à l'ouverture du corps d’un ami, je serai représenté demain par M. Boyer, maitre en chirurgie, qui fera l'ouverture du cadavre. C'est un praticien très expérimenté. Il demeure rue de Bourgogne à deux portes de chez

moi, inaison de Mae Vernier. Je vous prie de l'inviter de-

main matin, et de lui donner l'heure. C’est une justice que j'attends de votre amitié. Le Mardy soir. MARAT, (Autographe, 1864, P. 37).