Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 201

plus tard son salut à la reconnaissance du démagogue. Ce qu'il souffrit au physique autant qu'au moral, un témoin oculaire nous l’a conté dans une sorte de panégyrique prononcé après la mort du patriote. Marat s'était réfugié quelque temps dans les carrières de Montmartre ; puis, traqué de réduit en réduit, il cherchait abri dans les lieux humides où il n'avait pas de quoi se coucher. « Rongé par la misère la plus affreuse, il couvrait son corps d'une simple redingote bleue, et sa tète d’un mouchoir, presque toujours trempé de vinaigre ; un écritoire dans sa main, quelques chiffons de papier sur ses genoux, c'était sa table (1). »

Le plus souvent, il se blottissait dans des caves pour échapper aux visites domiciliaires de Bailly.

C’est là que, travaillant le jour à la lueur du peu de lumière qui pénétrait par le soupirail, ses paupières s’enflammèrent; il faillit perdre la vue; l'odeur infecte de l'huile d'une lampe presque continuellement allumée, le manque d'air, l'humidité... une insomnie presque continuelle, toutes les inquiétudes morales, tant de maux réunis sur un homme d'une santé déjà