Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

212 MARAT INCONNU

Sur les sept heures du soir, une femme descend d’une voiture de place en déshabillé moucheté (elle a quitté sa robe sombre du matin pour revêtir une robe à fond blanc) son éventail à la main. Elle était coiffée d’un chapeau haut de forme, surmonté d’une cocarde noire, avec des rubans verts. À sa robe est épinglée une

locataire de l'époque était, par une coïncidence au moins curieuse, un médecin tout comme l'ami du peuple, le D' Galtier, qui n'est connu que par un Traité de Toxilogie, bien oublié aujourd'hui, y logeait depuis plus de trente ans. La chambre où s'était consommé le crime, étroite — à ce point que six personnes auraient pu à peine y tenir debout — mais nullement obscure, quoi qu'en ait prétendu Michelet, était la dernière au fond de la cour, après deux ou trois autres assez petites. Un papier à fleurs jaunes tapissait là pièce, qui n'avait conservé aucun vestige du passé. Au fond, à l'endroit où étaient placés la baignoire et l’escabeau, on pouvait voir fixée au mur une photographie du fameux tableau de Paul Baudry, la Mort de Marat, exposé au Salon de 1861. Le Dr Galtier la montrait orgueilleusement aux visiteurs, à cause d’une dédi. cace, dont le peintre avait accompagné son cadeau. L'artiste était venu s'inspirer dans le milieu même qui avait été le témoin muet du drame, et il avait tenu à remercier ainsi le savant docteur de son hospitalité..……,

Le reste de la maison était occupé par des personnes, toutes d'humeur paisible. « Là vivaient un honorable jurisconsulte, un imprimeur en taille douce, des rentiers, des gens aimant le repos. » (Livre des Cent-et-Un, t. I, p. 83.)

À l'heure actuelle, la pioche des niveleurs à fait son œuvre, et l'on pourrait, après de grands efforts, retrouver J'ancien logis de Marat à l'endroit même où sont situés les bureaux du Secrétariat de la Faculté de médecine.